Jean Sénac, né à Béni-Saf, port minier algérien en Oranie le 29 novembre 1926 et assassiné à Alger le 30 août 1973 est un poète, socialiste et libertaire algérien. Il a rejoint dès 1955 la cause de l’indépendance algérienne.
En octobre 1952, il réussit à réunir sur les ondes de Radio Alger un comité de rédaction composé de Mohammed Dib, Sauveur Galliéro, Jean de Maisonseul, Mouloud Mammeri, Albert Memmi et Louis Nallard, il fonde en décembre, avec l’héritage de son oncle Clodion, une nouvelle revue, Terrasses, qui ne connaîtra en juin 1953 qu’un seul numéro. Dans le cadre de la revue, Sénac organise en 1953 quatre expositions, trois de Galliéro et une présentation collective. C’est à cette époque qu’il reprend contact avec les milieux nationalistes du PPA et du MTLD, se liant avec Larbi Ben M’Hidi, Layachi Yaker, Amar Ouzegane, Mohamed Lebjaoui, Mustapha Kateb, Mustapha Bouhired (parent de Djamila Bouhired).
Jean Sénac rentre en Algérie en octobre 1962 (aprés avoir démissioné de Radio Alger en 54, parti à Paris) et trouve un logement dans une partie de villa, aux portes d’Alger : au-dessus de la petite plage de Pointe-Pescade. Nommé conseiller du ministre de l’Éducation nationale, il fait partie du comité chargé de la reconstitution de la bibliothèque de l’université d’Alger brûlée par l’OAS et participe en 1963 à la fondation de l’Union des écrivains algériens dont il sera le secrétaire général jusqu’en 1967 (dont Mouloud Mammeri était président) et à la création de la revue « Novembre ». Amar Ouzegane, plus tard ministre, distribue aux députés de l’Assemblée nationale constituante son poème Aux héros purs. En décembre est exposé et déposé à la Bibliothèque nationale d’Algérie son recueil Poésie, illustré de gravures de Benanteur. Sénac rencontre en 1963 Che Guevara de passage en Algérie et écrit le célèbre vers, souvent critiqué, « Tu es belle comme un comité de gestion » en souvenir de leur visite commune d’un débit de boissons, exemple de bonne gestion, proche de sa maison. Pour les « Fêtes du 1er novembre », il prépare et préface anonymement une exposition qui, autour du noyau des peintres qui sont devenus ses proches, opère un rassemblement plus large de 18 artistes.
Nouvelle étape engagée à partir de la prise du pouvoir en 1965 par Houari Boumédiène, les émissions poétiques de Sénac sont interdites en janvier 1972. Le jugeant menacé, certains de ses amis le pressent de quitter Alger, d’autant plus qu’il est homosexuel. Le « poète qui signait d’un soleil » est assassiné à l’arme blanche dans la nuit du 29 au 30 août 1973. Son corps est découvert, entre deux lits, sur le sol de la cave qu’il habite. Son meurtre demeure non élucidé. Jean Sénac est enterré le 12 septembre au cimetière d’Aïn Benian.
" Je suis né algérien. Il m’a fallu tourner en tous sens dans les siècles pour redevenir algérien et ne plus avoir de comptes à rendre à ceux qui me parlent d’autres cieux."
Jean Sénac