Le quartier Larbi Ben-M’Hidi, n’est pas d’un seul tenant. Il se compose d’une multitude de mondes hétéroclites, parfaitement distincts, ayant chacun ses flux, ses reflux, ses personnages, son atmosphère. Presque deux siècles ont façonné son caractère tout en y amassant magasins, hôtels, cafés, (bars) et restaurants. Il porte le nom de l’un des principaux dirigeants et fondateurs du FLN, Larbi Ben M’hidi qui fut arrêté le 23 février 1957 par les parachutistes; refusant de parler sous la torture, il est tué par un groupe de soldats français aux ordres du futur général Paul Aussaresses, dans la nuit du 3 au 4 mars 1957.
La création du quartier est lié à l’histoire de l’extension de la ville, après l’occupation coloniale. Les premiers travaux d’aménagements sont dictés par la volonté d’adaptation aux besoins militaires d’abord, et ensuite pour répondre aux besoins d’accroissement de la population.
Le quartier se forme au sud de la ville, à l’emplacement de l’ancien faubourg Bab-Azzoun, là où, devant le marabout Sidi Mansour, au milieu des commerces en plein air et des artisans. Un plan manuscrit de 1839, rend compte des dispositions anciennes du faubourg, avec la caserne des Spahis, le cimetière Maure et ses palmiers, les fondouks, les marabouts et les mosquées. Le quartier contient aussi un grand nombre de bassins, de fontaine et d’aqueducs, dont l’un ordonne le tracé de la future rue principale du quartier.
Intégrée à la ville dans les années 1840, lors de la construction de l’enceinte française, le faubourg fait alors l’objet d’un plan d’ensemble dressé par l’architecte Auguste Giauchain. Les îlots se déploient le long des rues de l’Aqueduc (Larbi Ben M’Hidi), la rue de Tanger (Ahmed Chaib) et autour de la place d’Isly (Emir Abdelkader) sur laquelle la statue du général Bugeaud sera inaugurée le 15 août 1852 remplacé un siècle plus tard par celle de Abdelkader.
Rebaptisée rue d’Isly en 1844 en hommage à la campagne du Maroc, la rue de l’Aqueduc débute à la première boucle de la rampe Rovigo (Patrice Lumumba et Cherif Debbih), et ordonne le quartier avec ses 16 mètres de largeur, en fort contraste avec l’étroitesse des rues adjacentes (6 mètres pour la rue Tanger, ancienne rue des Moulins également rebaptisé en 1844, et 4 mètres pour celle du coq du carrefour)
De cette première période d’urbanisation ne subsiste que peu d’immeubles, ce qui explique le renouvellement architectural très important de la fin du siècle, mais aussi sans aucun doute la mauvaise qualité des premières constructions.
Depuis les années 1830, l’armée occupe de nombreux terrains du Faubourg et plus particulièrement ceux situés le long du littoral. Dans les années 1840, parallèlement à la construction de l’enceinte, elle envisage de nouvelles implantations, notamment celle de l’arsenal d’artillerie, projetant même l’obstruction de la rue d’Isly dans sa partie sud. L’arsenal est finalement construit sur l’esplanade de Bab El Oued et l’armée est contrainte de céder les terrains au sud de la nouvelle place aménagée devant le théâtre.
L’urbanisation gagne également les pans abrupts qui surplombe le quartier à l’ouest. La mise à l’étude en 1863 de nouvelles rues et de plusieurs escaliers, va favoriser, autour de quelques maisons déjà bâtie comme celle de Gandillot, dans la rue de Mogador, des constructions qui prennent un caractère spéculatif manifeste. Ainsi, entre la nouvelle place de la Lyre et la rompe Rovigo, un bel alignement de façade à trois travées (rue Patrice le Lummumba), avec grandes baies à persiennes, évoque les lotissements marseillais. Ces opérations spéculatives se poursuivent jusqu’à la fin du XIX siècle comme en témoignent les immeubles Lauro de la rue du Dupuch (Abdelaziz Mouzaoui) construit entre 1890 et 1894.
A la fin du siècle, la démolition de l’enceinte française et là densification des îlots du front de mer, place la partie basse du quartier d’Isly au centre de la ville agrandi. Les immeubles de rapport cossus renouvellent de manière ostentatoire le paysage urbain, elles répondent aux exigences de la bourgeoisie algéroises ; d’autre attestent de nouvelles pratiques urbaines, tels les anciens grands magasins, les galeries de France, au bon marché ou le Casino, comme en témoignent les anciens immeubles Durée et Bugay, il remplacent pour la plupart des constructions des années 1840 1850
Au cœur du quartier sur la place Emir-abdelkader, ne subsiste guère que des constructions antérieures comme l’ancien collège impérial arabo-français des années 1857-1860, (Assemblée Populaire Communale d’Alger Centre) et l’ancien Mont-de-piété (aujourd’hui mairie annexe). Le long de l’étroite rue de Tanger, des immeubles de rapport d’inspiration néoclassique témoignent de l’occupation de la fin des années 1840, d’autres, ouvert sur la rue Constantine (Abane-Ramdane) sont caractéristiques des opérations de renouvellement urbain de la fin des années 1920.
La rue Larbi-Ben-M’Hidi (en arabe : ﺷﺍﺭﻉ ﺍﻟﻌﺮﺑﻲ ﺑﻦ ﻣﻬﻴﺩﻱ) est l’une des principales rues du centre ville d’Alger.
Elle début par le place en face de la grande poste, elle s’élargissait en son milieu pour former la place de l’Émir-Abdelkader et finit au bout du croisement de la rompe de la rue Lubumba et le début de la rue de la Lyre.
Très commerçante, très animée, avec des terrasses de plusieurs café, le plus amblématique et le Milk Bar.
Une rue culturelle et artistique : une école de musique (ex musique hall) au N°9, la cinémathéque au N° 26, le Musée d’Art Moderne d’Alger (MAMA) au N° 25, le Centre Culturel Larbi Ben M’hidi au N° 18
Abrite l’une des librairie les plus connues d’Alger, « le tiers monde » en plein place de l’Emir
La construction située au numéro 6 de l’ancienne rue d’Isly est représentative des immeubles bourgeois du quartier, caractérisé par un style éclectique au décor chargé : balustre, ferronnerie, console massive de la façade et du passage d’entrée, oriel couronné de fronton curviligne et décoré de cuir et guirlandes, appareil en faux joint creux. La porte d’entrée richement décoré ouvre sur un long couloir revêtu d’une mosaïque fleuri et desservant un escalier à galerie. Au pied de l’escalier, la mosaïque porte les initiales EF signifiant peut-être Ellul & fils.
Le commanditaire de ce bâtiment construit en 1910 par l’architecte Lesornel est très probablement Pascal Ellul dans les initiales sont portées par-là ferronnerie de la porte d’entrée. Fils de Guissep Joseph, élu à Malte est installée dans le quartier de la Marine comme aubergiste dans les années 1840, et a créé avec son père et son frère une entreprise de fabrication de bière et de boissons gazeuses. Située à l’origine au 36 de la rue Tanger, l’entreprise sera ensuite déplacée dans le quartier de l’Agha où l’activité sera développée par son fils et son neveu. Outre les immeubles qu’il possédait à Alger, notamment à l’angle des anciennes rue Denfert Rochereau et Aubert, la famille Ellul, était également propriétaire de ferme qu’elle exploitait à Fort de l’eau et à Reghaia. Très actif dans la société civile et la vie économique, Pascal Ellul était aussi vice-président du comité de commerçants du quartier d’Isly ainsi que le président du comité Franco-Anglo-Maltais. Il est décoré de l’ordre du mérite agricole en 1905, comme le saura son petit-fils dans les années 1930.
L’immeuble a été construit à l’emplacement d’un bâtiment plus ancien à un seul étage qui appartenait en 1868 à un certain François Piéguet. Le nouvel édifice de cinq étages, œuvre de l’architecte Lowe conserve le plan de la première, avec une longue cour centrale qui permet d’éclairer deux corps de bâtiments dans l’épaisseur de la parcelle. La distribution qui se faisait, dans le premier immeuble, par les petits côtés sur les anciennes rues de Varenne et place d’Isly a été en revanche modifiée : l’unique entrée sur la rue Larbi Ben M’hidi donne accès à un escalier menant à la cour, barlongue surélevé d’un niveau et à ses deux extrémités, à des cages d’escalier ouverte desservant les étages. Ces distributions privilégient les rez-de-chaussée commerciaux sur l’une des rues principales du quartier d’Isly et s’accompagne d’un décor très riche : portail d’entrée à pilastres à bossage et console proéminente, niche de l’entrée en pointe de diamant avec cartouche et pilastres à chapiteaux corinthiens altérés, grand escalier en marbres blanc flanqué de colonnes jumelées, sol de la cour en marbres et en mosaïque.
Les façades post Haussmannien sont plus classique : balcon filant à tous les étages avec garde-corps en fer, décor néoclassique sur les encadrements des baies et les consoles des balcons. Un oriel on retonde sur lequel se concentrent les décors les plus originaux soulignant l’angle de l’immeuble sur la place de l’émir Abdelkader que couronne un bandeau en carreaux de céramique portant l’inscription de la date de construction. Le dernier étage en retrait est couvert d’une toiture en tuile bordés en lambrequin en bois.
Par l’ampleur de la façade qui se développe sur toute la longueur de l’îlot, par son décor chargé et sa distribution commune à quelques-uns des édifices de la période, l’immeuble est un bel exemple de relèvement architectural du quartier à la fin du dix-neuvième siècle.
En 1855, le gouvernement général avait projeté de construire une caserne de gendarmerie sur ce vaste terrain qui s’étendait de la rue d’Isly (Larbi Ben M’hidi) jusqu’ à la rue de Mogador (Hariched) à l’ouest. Le projet n’aboutit pas et il fut décidé de diviser le terrain en 2 parcelles qui seraient vendu à des particuliers. Une première salle de spectacle baptisé théâtre des nouveautés, dont on ne connaît pas la date de construction, s’installa du côté de la rue d’Isly.
En 1898, le théâtre fut remplacé par le Casino music-hall. Le nouveau propriétaire, monsieur Provost, remania de fond en comble la salle de spectacle pour la transformer en salle à l’italienne où l’on donne des représentations théâtrales et des operate, sur le modèle du Casino de Paris. Dans les années 1930, l’arrière de la parcelle était occupé par le cinéma Olympia dont l’accès se faisait par la rue latérale (anciennement de la rue poudrière). Cette salle a servi de décor à une scène du film délice Paloma de Nadir Moknèche (2007).
Une partie de l’ancien Music-hall accueille aujourd’hui une école de musique arabo andalouse.
L’immeuble de style néoclassique, se distingue par sa façade sur la rue Larbi Ben M’hidi pourvue sur toute sa longueur d’un balcon fermé pas des menuiseries en bois, une galerija, d’inspiration maltaise. L’architecte exploite ainsi au mieux le règlement de voirie de 1895 qui permet de fermer les balcons par des vitrage.
Situé au N° 18 de la rue Larbi Ben M’Hidi. D’une superficie de 1900 m² et s’étendant sur 6 étages, l’Historial prend place au cœur d’Alger et offre bibliothèques, médiathèques, orientations et salles d’expositions aux visiteurs. Ouvert aux chercheurs, universitaires, étudiants ou simples curieux et passionnés, l’espace met à disposition une bibliothèque virtuelle, des cafés, des clubs et des espaces de jeux d’échecs.
Un espace pour les cours de soutien sera également mis en place afin de vulgariser l’histoire aux enfants de la commune. La grande salle de conférence devra quant à elle accueillir des historiens et chercheurs venus du monde entier afin d’échanger lors de journées de rencontres et séminaires.
Le musée public national d’Art moderne et contemporain d’Alger (MAMA), est un musée d’art moderne et contemporain inauguré en 2007 situé au cœur de la capitale Alger en Algérie. Sa mission consiste à faire connaître, promouvoir et conserver l’art contemporain algérien tout en assurant une présence de l’art contemporain international par des présentations de sa collection permanente et des expositions temporaires d’œuvres algériens et internationaux.
Le Musée d’art moderne se trouve à Alger dans l’artère commerciale Rue Larbi Ben M’Hidi. Ce bâtiment néo-mauresque était à l’origine un grand magasin les Galeries de France construit en 1914 par l’architecte Henri Petit. Après l’indépendance, le magasin a été rebaptisé les Galeries algériennes. En 2006, le bâtiment est réhabilité par l’architecte algérien Halim Faidi pour en devenir un musée1. Il est classé monument historique en 2008.
Situé à l’emplacement d’un petit immeuble du 19e siècle à deux étages qui abritait des commerces (d’abord des pompes funèbres puis une quincaillerie), Grand Magasin au Bon marché est inauguré en 1923. Il avait été conçu en 1919 par les architectes Petit et Garnier pour accueillir la succursale de l’établissement parisien fondé en 1852 par Aristide Boucicaut, qui possédait déjà les enseignes à Vichy, Roubaix, Reims, Biarritz est aussi au Caire.
À l’instar des grands magasins contemporain, le bâtiment est organisé autour d’un immense halle triangle, avec trois niveaux de galeries. Il est d’abord décidé de réaliser des planchers en structure métallique dont l’étude est confiée à une entreprise parisienne, les ateliers Moison-Laurent Savey. Mais les architectes ont finalement opté en 1921 pour une construction en ciment armé conçu par l’entreprise Hannebik. Le magasin est fermé en 1949 et l’immeuble est vendu morcelé.
En 1952, l’architecte Marcel Lethuillere, rabaisse la verrière afin de ne plus couvrir le rez-de-chaussée où sont maintenus des commerces, tandis que les autres niveaux sont transformés en bureaux. À cette occasion l’immeuble est également rehaussé de 3 étages. EN 1960 et un à la veille de l’indépendance un nouveau grand magasin au bon marché est inauguré au 29 bis rue d’Isly. Son architecte, Pierre Vago, réalise un projet moderniste en ossature métallique qui rompt définitivement avec le style beaux-arts des immeubles de la rue
Ce vaste immeuble, l’un des premiers construits sur les anciens terrains aedificandi, avant même la démolition de l’enceinte, a été commandé par Émile Alcay. Ce riche colon originaire du Gard, dont le père négociant s’était installé à Alger dans les années 1840, résidait à cette adresse à sa mort en 1892. Au début du 20e siècle, la famille possédait aussi l’immeuble du 26, rue d’Isly. L’immeuble est repris en sous-œuvre en 1908 lors du partiellement de la rue en escalier (Lacepède, actuellement Idrissi) reliant l’avenue pasteur à la rue Berthezène. Situé au carrefour de la rue Larbi Ben Mh’hidi et de l’avenue Pasteur, il présente une longue façade sur trois pans de trois et quatre travées. Contrairement aux façades des édifices qui l’environnent, inspiré par l’art nouveau, la composition est de facture classisante, avec fronton cintré est interrompu et pilastres cannelés d’ordre colossal. Le décor se déploie plus généreusement sur le pont coupé et sur la façade de la rue principale. Le 4e étage présente un décor différent qui atteste un premier remaniement, tandis que la surélévation du 5e étage et d’une belle composition dans le style paquebot
L’immeuble de rapport conçu par l’architecte Guillet sur l’emprise des terrains libérés par les militaires et représentatifs de la construction ordinaire à caractère spéculatif au tournant du 20e siècle. Il est publié dans la revue la Construction moderne en juin 1901 et C’est d’ailleurs sur la rentabilité de l’opération immobilière qu’insiste l’auteur de l’article : « le mouvement et les affaires se portent de plus en plus de ce côté dans le quartier d’Isly », l’architecte a divisé le terrain en 2 maisons distinctes, ce qui permettra au propriétaire, qui les a fait construire dans un but de spéculation, d’en opérer facilement la revente. Revente sans doute d’autant plus facile que l’immeuble est construit en 1900 à l’image du magasin de la métropole selon un conformisme opposé aux accents mauresque qui trouve un écho officiel quelques années plus tard.
Chaque maison compte 3 appartements par étage, assez grand et répondant à tous les besoins de la population peu mondene et surtout commerçantes du quartier. Chaque appartement est équipé d’une salle de bain. Les façades sont jugées sobrement mais suffisamment décoré, alors qu’en réalité l’absence de tout relief en façade, à l’exception de long balcon filant, traduit un souci d’économie manifeste.
L’ancien immeuble de rapport construit par l’architecte Lauro est l’une des rares construction privée algéroise avoir été publié dans une revue d’architecture. Le court article de la Construction moderne de janvier 1901 insiste sur la distribution en plans des appartements, simple et nombreux à chaque étage. Sur la moitié d’un îlot l’architecte conçoit quatre immeubles accolés qui forment un ensemble architectural cohérent.
Le propriétaire a en effet recherché la meilleure rentabilité possible en aménageant des appartements par étage et en multipliant les devantures commerciales sur l’ancienne rue d’Isly et le long d’un passage couvert traversant au rez-de-chaussée.
L’auteur de l’article soulignent que à Paris la tradition des passages a été abandonnée, mais que dans les départements ou les contrées méridionales il reste en faveur tandis que pour les pays d’Orient, cette tradition s’explique naturellement par-là nécessité de moderniser le bazar.
Il semble cependant que le passage, aujourd’hui fermé, ne connut pas la réussite commerciale attendue, peut-être parce que ces accès ouvrent sur les rues secondaires.
Les quatre entrées d’immeuble portent un décor similaire : plafond se truqué, parois à stylobate en carreaux de ciment à motifs géométriques surmontés de panneaux en forme d’arbre, candélabre en fonte (modèle de Antoine Durand).
La façade principale sur la rue Ben M’hidi et du style baux-Arts, comme le rapporte le journal, exécuté avec la recherche décorative indispensable aujourd’hui à toute maison de rapports. On relève en effet une profusion de motifs architecturaux : superposition de pilastre, cannelés à chapiteaux corinthiens, surmontée de corniche, porte d’entrée à pilastre, et un bossage sur-deux. La façade est aussi égayée de bow-Windows copieusement décoré : couronnement galbé avec cuir, lambrequin finement ajouré, balustrade varié, console à tête de lion.
Cette composition de façade se retrouve dans deux autres immeubles attribués au même architecte, l’un bâtie avec les constructeurs Entionnete et Gîner dans le quartier du sacré coeur, rue Mustapha sayed el-ouali anciennement Claude Debussy , l’autre situé place Nelson sur l’agence Bab el Oued l’esplanade Bab El Oued.
Dans ces lieux moins prestigieux, le décor est cependant moins élaboré et conçu dans un style Haussmannien plus traditionnel. L’architecte semble ainsi adapter son dessin à la nature de la commande, comme le montrent également ses réalisations plus modestes de l’ancienne rue Dupûches.
L’immeuble fait partie des bâtiments édifiés à partir de 1899 sur les terrains libérés des services des servitudes militaires des fortifications. Ils occupent une position privilégiée à l’intersection des voies commerçantes et dans la perspective de la grande poste.
Son angle traité en pan coupé domine le square où était jadis installé un buste du docteur Mayo (précurseur de l’emploi de la quinine dans le traitement du paludisme), déplacé dans les années 1930. L’architecte a su tirer parti de cette position en proue, visible depuis les jardins de l’ancien boulevard la Ferrière, pour mettre en valeur l’angle de l’immeuble qui l’a couvert d’une élégante toiture en accolade couronnée d’un épi de faîtage sous lequel est inscrite la date de construction. Le nom de l’architecte reste toutefois inconnu. Cependant, la composition originale de l’immeuble pourrait être attribuée à Henri petit, architecte électrique qui a activement pris part à l’urbanisation du quartier, et a notamment construit l’immeuble situé en vis-à-vis sur la rue.
L’immeuble bourgeois abritait des appartements, des cabinets de médecins et des bureaux, comme ceux de la compagnie d’assurance, Confiance et dans les dans les années 1930 une agence du crédit français d’Algérie et de Tunisie installé au rez-de-chaussée l’immeuble, qui conjugue un gabarit haussmannien et des décors Beaux-Arts, est remarquable par les modénatures néo-renaissance qui ornent les oreilles Dupont coupé et deux façades. Il est aussi par ses ouvrages de menuiserie (lambrequin et porte d’entrée) particulièrement soigné ainsi que par la mosaïque du sol du hall d’entrée figurant une girafe de près de 3 mètres de haut, attribué aux ateliers Tossut.
Cette place porte le nom de l’Emir Abdelkader, ou l’Emir en langage populaire, en hommage à Abd el-Kader (1808-1883) considéré comme une grande figure politique, intellectuelle, spirituelle et réformateur de l’Algérie qui mèna une lutte contre l’invasion française de l’Algérie au milieu du xixe siècle.
La place de l’Émir-Abdelkader a porté le nom de « place Bugeaud » avant l’indépendance.
Thomas Robert Bugeaud de la Piconnerie, duc d’Isly, Maréchal de France, ancien gouverneur général de l’Algérie, fut nommé caporal à la bataille d’Austerlitz. C’est en l’honneur de cette victoire que la rue de l’Aqueduc devient la rue d’Isly en 1844.
En 1901, l’architecte Darbeda, tout juste installé à Alger après avoir obtenu son diplôme des beaux-arts de Paris, conçoit cet immeuble pour le compte de M. Duret sur un terrain situé dans l’angle sud-est de l’ancienne place Bugeaud ou s’élevait précédemment une maison de deux étages.
La composition de l’immeuble, assez ordinaire, reflète peu la production future de l’architecte. Elle distingue cependant par la frise en fenêtre en terre cuite qui ornent son couronnement. Attribué au sculpteur orientaliste Lyon Fortier qui fut professeur à l’école des beaux-arts d’Alger, elle présente un des petits tenant les attributs de la peinture et de la musique. Un moulage figurant Apollon sur son char orné également d’un poste dans l’entrée sur la rue Haouas.
Ce long couloir étroit, parallèle à la rue Ben M’hidi, subjugue les passants. C’est le lieu du mouvement perpétuel. La rue attire quotidiennement des dizaines de milliers de visiteurs avec un pic important vers midi. Cette magie ne date pas d’hier. Déjà, en 1930, un arrêté préfectoral interdisait la circulation automobile et les charrettes de 10h à 12h30 et de 16h à 20h. Dans cette rue qui tombe en ruine, la vie persiste avec beaucoup de ténacité.
L’un des plus célèbres restaurants sélects de la rue Tanger est sans doute le Bosphore. Il a été durant des années l’annexe officieuse du quotidien El Moudjahid et Algérie Actualité pour avoir été fréquenté par une cohorte de journalistes. Nombreux ne sont plus de ce monde, tels que Halim Mokdad, Abdelaziz Hassani, Omar Boudia, Mansouri, Othmane Oudina, Tahar Djaout, Rabah Afredj, Omar Zeghnoun, Maloufi de la rotative, ou Saci Haddad le photographe.C’était le lieu de rencontres et d’échanges parfois bruyants. On y rencontrait des auteurs, des artistes ou les patrons de la médecine légale et de la psychiatrie. Ce petit patrimoine national, d’à-peine une trentaine de mètres carrés, a accueilli autrefois d’autres célébrités mondialement connues parmi lesquelles Jean Gabin et son metteur en scène Julien Duvivier. C’était en 1937 au cours du tournage de Pépé le Moko. Gabin était accompagné du musicologue Mohamed Iguerbouchène, auteur de la musique du film qui avait pour décor La Casbah. Avant sa disparition en 1965, il habitait au 3, rue Blanchard, actuellement Seddik Ben Abdelaziz, perpendiculaire à la rue Tanger.
Parmi les grandes célébrités venues au Bosphore, on citera maître Vergès, le boxeur Cherif Hamia, Larbi Benbarek, Kermali et de nombreux joueurs de l’équipe historique du FLN, Roger Hanin et Albert Camus, Issiakhem. Kateb Yacine se réfugiait le plus souvent au Coco Bar, ainsi nommé pour la tendance gauche de ses clients.La rue Tanger était l’un des endroits préférés du célèbre sculpteur algérois, Paul Belmondo, décédé à Paris en 1982, père de l’acteur populaire Jean Paul Belmondo. Plusieurs œuvres de Paul Belmondo trônent au Musée national des beaux-arts. Les artistes de la belle époque se retrouvaient souvent au bistrot de Mme Laure Fass au 13, rue Tanger.
Au n°14, c’était l’adresse d’une pension complète à «160 francs par mois, vin compris».Le plus mystérieux, un établissement de cette rue bruyante et charmante était sans doute cette maison située au n°9 consacrée, dans les années 1920, à l’empaillage d’animaux et la vente de plumes d’autruches. L’obscurité et les odeurs de putréfaction des animaux donnaient à cette maison un aspect moins attirant. Deux ans après avoir marché sur la Lune, Buzz Aldrin a marché sur la rue Tanger en compagnie de Cherif Guellal, du MALG. C’était en 1970. Le cosmonaute américain, en visite en Algérie, avait été reçu en audience par le président Houari Boumediène en vue d’une intervention de l’Algérie auprès des Vietnamiens pour la libération de pilotes de B52.
De nombreux immeubles se sont écroulés ces dernières années par manque d’entretien. L’effondrement survenu en 2007 au n°11 a fait deux morts et 3 blessés graves. Juste en face, l’ancienne Maison Reine des années 1920 menace de s’affaisser à tout moment. C’est une redoutable catastrophe qui s’annonce. Ainsi, la rue Tanger fascine un peu moins de nos jours en raison du vieillissement prématuré d’un capital immobilier victime de mauvaise gestion. Il n’y a pas d’association de commerçants. Au problème de plomberie qui fait fissurer les murs, s’ajoute l’éclatement des égouts qui coulent à ciel ouvert. Le délai d’enlèvement des épaves peut dépasser largement 8 ans. Les ruelles perpendiculaires sont d’une saleté repoussante, les rats pullulent comme à l’époque de la peste, et les odeurs priment.Ce décor est planté au cœur de la capitale, à proximité de l’APC, du Sénat, de l’Assemblée nationale, du ministère de l’Intérieur, etc.