Croyances, Religion, Mythologie AMAZIGH

Les différentes expressions de la pensée et de la culture amaziɣe trouvent leurs places dans le cadre défini par les fondations de la pensée méditerranéenne, elle-même ayant pour base l’aire d’expansion beaucoup plus étendue de la culture des céréales vivrières -orge puis blé- depuis le néolithique. En effet, la méditerranée a produit l’une des mythologies les plus riches de l’histoire et était aussi le bassin d’épanouissement des trois religions monothéistes.  

Les peuples amaziɣes d’Afrique du Nord comme tous les peuples méditerranéens ont eu des vies spirituelles qui trouvent leurs origines dans le fond de l’histoire, sous formes de croyances primaires, des formes plus élaborées comme les mythes ou des religions avec des rites et des pratiques formalisées. Cette richesse culturelle enferme en elle un authentique gisement culturel, et un patrimoine immatériel hyper riche qui nous introduit dans les passions d’un lointain passé ancestral étendu à travers de nombreuses générations, transmises principalement par l’oralité, mais aussi par la pratique des rites toujours vivants.   

Parler « de croyances mythes et religions amaziɣes » au pluriel revient à reconnaître l’existence d’une multitude de mythologies, de croyances et aussi de religions que les habitants de l’Afrique du Nord ont adopté tout au long de l’histoire.  

Le titre de notre travail montre à lui seul la complexité d’un tel projet qui soulève en soi beaucoup de questionnements : Existe-il une mythologie amaziɣe propre ? D’une cosmogonie, d’une théogonie amaziɣe ?  D’une ou des religion(s) amaziɣe (s) à l’instar de celles des autres peuples ? Si tel est le cas, que reste-t-il des anciennes religions que les ancêtres du peuple amaziɣe auraient créées ou adoptées ? Que reste-t-il des conceptions de l’univers autrefois attestées chez eux ? Comment ce peuple « réputé sans écriture » serait-il parvenu à nous transmettre son expérience du monde ? Si tel est le cas, qu’en est-t-il de sa réalité aujourd’hui ? 

D’abord, avant de répondre à ces questions qui sont l’objet de notre travail, il faut rappeler que le monde amaziɣe comprend les peuples qui vivent en Afrique du Nord depuis la nuit des temps. Territoire relativement vaste délimité par l’Est par l’oasis de Siwa et à l’Ouest par les Iles Canaris. Un peuple qui n’est venu de nulle part, contrairement à ce que veulent avancer certains auteurs qui veulent rattacher ses origines à l’orient. Un peuple qui a construit sa propre histoire culturelle et religieuse, qui a permis au monde amaziɣ d’enfanter l’une des civilisations les plus anciennes que le monde ait connu. Une civilisation souvent méconnue ou ignorée, malgré cela, elle demeure l’une des plus anciennes qui s’épanouit sur plusieurs millénaires et recèle un patrimoine culturel foisonnant. Au cœur de ce patrimoine immatériel et de cet héritage, des croyances, des religions et une riche mythologie dont les légendes se comptent par dizaines, souvent méconnues, délaissées, restées dans l’ombre ou dans l’intimité de ses détenteurs à la marge de la religion musulmane dominante au présent.  

Notre travail commence par interroger le présent et le patrimoine existant : les pratiques mystiques, les contes et les légendes mythiques, les différents rites non musulmans, les vestiges architecturaux, les gravures et les peintures rupestres préhistoriques et protohistoriques dans le but d’attester de l’existence d’une mythologie et d’une religion propre au peuple amaziɣ et ensuite révéler sa particularité, sa profondeur historique, sa richesse et sa connexion au reste des mythologies et religions du monde africain, méditerranéen et universel